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  • Pascal Le Bihanic - Administrateur FNAPAEF

Vivre ses choix, Prendre des risques, un droit pour les personnes âgées soutenu par la Fondation de

La FNAPAEF avait répondu présente à l'invitation de ce colloque organisé par la Fondation de France dans le somptueux cadre du collège des Bernardins à Paris. Cette manifestation s'inscrit dans le mouvement de l'appel à projet continu depuis 2000 qui a soutenu plus de 600 projets portés par les institutions du secteur social et médico-social.

Ou en sommes-nous, 17 ans après, de l'exercice de la citoyenneté des personnes âgées vulnérables en institution comme à domicile ?

Est-ce plus facile aujourd'hui de faire respecter ce que la personne estime bon pour elle -même et ce, quels que soient ses incapacités ou son statut domiciliaire ?

Force est de constater que l'évolution réglementaire multipliant les normes et les protocoles sécuritaires s'oppose parfois avec caricature à la notion de risque que le résident a assumé toute sa vie et qui en fait aussi tout l’intérêt. Ces injonctions paradoxales entre le toujours plus de sécurité et le respect des libertés individuelles rendraient-elles alors la vie institutionnelle impossible pour les professionnels comme pour les résidents ?

C'est ce que j'ai souhaité explorer en participant à un des 5 ateliers animé sur ce thème par Alain Villez, Président des petits frères des pauvres, ex-conseiller technique à l'UNIOPSS et auteur de nombreux articles et ouvrages sur le sujet.

Il a été rappelé lors de cet atelier que les familles sont parfois très demandeuses de sécurité concernant le risque de chute ou bien de sorties indésirables, ce qui place les professionnels dans des dilemmes éthiques, où les chartes et les recommandations de bonnes pratiques ont toutes leurs places.

Face à la notion de culpabilité souvent avancée pour justifier, par les professionnels, les demandes déraisonnables des familles, je me suis risqué à oser évoquer l'idée d'un besoin de continuité d'attachement de leur parent en réponse peut être à la dépossession de leur rôle d'aidant qu'ils ont pu vivre lors de l'entrée en institution.

Je suis également intervenu pour témoigner de ce que la FNAPAEF avait défendu la veille face à la commission des affaires sociales du Sénat avec Joseph Krummenacker et Lucien Legay, à savoir nos inquiétudes quant au maintien du principe de lieu de vie en Ehpad et un risque de « sanitarisation » du secteur. Les signaux ne sont pas bons : absence de secrétaire d’État dédié aux personnes âgées, inscription des Ehpad dans les groupements hospitaliers de territoire, suppression des contrats aidés, sans parler de la toute récente fusion de l'ANESM par la HAS menée en catimini sans concertation avec les acteurs et dont le Sénat aura à se prononcer dans le cadre du vote du PLFSS 2018 pour lequel nous étions consulté. J'ai évoqué également les pratiques institutionnelles qui contreviennent aux droits et libertés des résidents comme les contentions abusives et arbitraires non réévaluées ou bien encore la limitation du droit de visite des proches, en application abusive de l'état d'urgence. J'ai rappelé le projet 2017 de la FNAPAEF d'amélioration des relations entre les professionnels et les familles ainsi que son engagement pour améliorer le fonctionnement des conseils de la vie sociale comme poumon de la démocratie médicosociale ou les questions de droit au choix et au risque des résidents doivent pouvoir légitimement être abordées.

Enfin pour être positif, j'ai relaté le cas d'un jeune directeur de deux Ehpad publics du Limousin, parfaitement au fait de la législation, qui s'est retrouvé avec un panier de champignons récoltés dans le jardin, posé sur son bureau par les résidents. « Et maintenant on en fait quoi ? » interpellent alors les résidents. « On les mange bien sûr ! » a tout de suite affirmé le directeur osant par la même assumer le risque de déroger au principe de la traçabilité sur la base de l'expertise mycologique acquise par les résidents – cueilleurs.

Ce message de résistance face à la « phobie sécuritaire » dont souffre nombre de directions semble particulièrement porteur et nécessite d’être soutenu.

De nombreux débats et interventions ont eu lieu en séance plénière rappelant que les établissements sont soumis à une obligation de moyens et non de résultat en matière de sécurité ce qui explique, selon A Villez, la quasi absence de condamnation des gestionnaires comme dans le cas dramatique de cet hôpital parisien ou un résident désorienté parvenant à tromper le dispositif de limitation des sorties indésirables est décédé dans le jardin voisin.

Il a été rappelé l'obligation récente depuis le décret du 15/12/2016, de prévoir dans les 15 jours de l'admission, une annexe au contrat de séjour limitant la liberté d'aller et venir.

Enfin, Bernadette Puyjalon, anthropologue, a interpellé fortement l'auditoire sur le déni de vieillissement de notre société distinguant la vieillesse sociale qui intervient de plus en plus tôt de la vieillisse biologique qui recule sans cesse. A propos des libertés fondamentales inscrites dans la déclaration des droits de l'homme, elle a cité le philosophe Paul Ricoeur dont on peut savoir qu’Emmanuel Macron a été l'assistant ndlr :

« Me poser libre, c'est me croire libre »

Gageons que nous parviendrons à relever ce défi pour oser imaginer des espaces de liberté dans ces lieux sécurisés afin de faire reculer l'idée de l'enfermement et du huis clos.

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