top of page
  • Une directrice de maison de retraite en Lorraine

Quelle trajectoire pour les “choses” qui se déplacent dans l’espace


Vendredi dernier, j’ai décidé d’aller demander à la maison de retraite qui se trouve juste en face du bâtiment où habite ma mère depuis plus de cinquante ans, si elle pouvait m’informer sur les démarches à suivre pour inscrire cette vieille dame dont la santé décline, dans cet établissement situé dans le centre de la France. Je précise que celui-ci s’est construit sur le terrain qui appartenait à une congrégation religieuse que tout le monde connaissait bien dans ce quartier populaire car elle proposait au public un dispensaire, il y a de cela bien longtemps. De fait, la maison de retraite accueille des sœurs âgées et du public laïc.

J’adresse donc ma demande à la personne qui semblait remplir une fonction d’hôtesse d’accueil et elle me répond : « il vous faut aller sur « Trajectoire ». A mon visage interrogatif, elle m’explique que c’est un site qui existe au niveau national où l’on peut télécharger un dossier d’inscription et indiquer les maisons de retraite choisies. Le médecin coordinateur examine ensuite le dossier et on peut consulter la réponse. Quand je demande si cet établissement où je me trouve donne priorité aux habitants du quartier, elle me répond par la négative avec un haussement d’épaules, pouvant signifier que ma demande semble incongrue.

Je suis donc allée sur ce site « Trajectoire ». Mais auparavant, j’ai été vérifier la signification de ce mot sur le dictionnaire. « Déplacement en parlant d’un objet dans un espace ».

Ça me convient bien comme définition ! Parce qu’à aucun moment, il n’a été parlé de la personne pour laquelle une démarche – quand même grave, faut-il le rappeler ?- devait être faite. Quant à la famille, elle est juste bonne à aller télécharger un dossier sur internet et le remplir. Oui, le déplacement d’un objet dans un espace virtuel, décidément, cette définition me convient bien ! D’autre part, donner priorité aux personnes du quartier, celles qui ont un passé commun, une culture- plutôt ouvrière-, commune et qui peuvent donc retrouver des points de repères….parait effectivement bien incongru !

Les défenseurs de l’ordre et de la gestion diront qu’il faut bien canaliser ces demandes et les organiser ! Et dans la foulée, si l’informatique peut remplacer les relations humaines, et éviter les émotions humaines, tellement envahissantes quand il s’agit de parler d’un parent âgé qui ne peut se suffire à lui-même, pourquoi ne pas le faire !

Quelle humanité construisons-nous ? Ces vieilles et ces vieux ont-elles, ont-ils, réellement mérité d’être assimilées à des dossiers qu’on va traiter en-dehors de toute rencontre, avec des situations plus ou moins graves qui seront sélectionnées en fonction de leur gravité, ou rejetées tout simplement ?

Beaucoup de personnes disent aujourd’hui qu’elles préfèrent mourir plutôt que devenir dépendant. La faute à qui ?

bottom of page