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2ème Lettre ouverte au Premier Ministre et au Ministre des Solidarités et de la Santé


Nous souhaiterions en tout premier lieu, saluer l’annonce de la réouverture encadrée des EHPAD aux familles qui répond, en partie, aux très vives inquiétudes dont nous vous avions fait part dans notre première lettre ouverte du 24 Mars dernier.

Nous vous alertions alors sur l’effet délétère et dangereux de la mesure brutale d’interdiction de toute visite en EHPAD annoncée le 11 mars 2020.


Notre Vice-Présidente, lors de l’émission du 11 mars 2020 sur LCI vous en avait fait remarquer le caractère violent, regrettant un manque de concertation préalable entre tous les acteurs concernés à des fins d’anticipation.

Devant le constat douloureusement prévisible des manifestations et aggravations des troubles psychiques et comportementaux des résidents désorientés privés de leurs repères affectifs et de l’aide de leurs proches, nous apprécions que votre écoute des fédérations professionnelles ait conclu à une nouvelle approche des visites en EHPAD.

C’est aussi le désarroi des familles que vous avez ainsi entendu, d’autant plus intense quand les directions d’ EHPAD voire les ARS refusent de communiquer dans les régions les plus impactées, redoutant l’appel qui leur permettra, dans le meilleur des cas, de se rendre au chevet de leur parent en fin de vie.

Mais permettez-nous de regretter qu’une mesure touchant les familles et les résidents ait pu être prise sans même le regard, l’appréciation et les attentes des principaux concernés.

Nous ne voudrions pas y voir de votre part un déni de démocratie médico-sociale.


La FNAPAEF est bien la seule fédération nationale des usagers et de leurs proches aidants accompagnés en institution et à domicile, regroupant nombre d’associations locales impliquées sur le terrain et participant à toutes les concertations ( rapports Libault, Iborra, Vidal, Loi ASV, etc). Nous sommes également membre du HCFEA et du Conseil d’administration de l’UNIOPSS. Nous avons été reçus par l’ensemble des ministres et leurs secrétaires d’état aux personnes âgées depuis 15 ans jusqu’à la nomination d’Agnès Buzyn.


Nous sommes de nouveau étonnés devant le caractère immédiat de la mise en œuvre possible de la réouverture des EHPAD aux familles dès le lendemain de son annonce dans les établissements et alors que les directives de l’ARS ne leur sont pas encore parvenues. Cet état d’urgence créé un stress supplémentaire pour les équipes déjà sous tension, par un afflux d’appels et de demandes de visites comme nous avons déjà pu le constater auprès de nos relais.

Des moyens en personnel sont indispensables pour mettre en place ce dispositif tout particulièrement pour les résidents souffrant de troubles cognitifs. Les crédits budgétaires dont disposent les EHPAD ne le permettent pas et doivent faire l’objet d’une dotation complémentaire des financeurs.

A contrario, un délai de quelques jours dans la mise en œuvre de cette disposition que nous soutenons fortement aurait permis de s’organiser pour créer un espace dédié pour les échanges, et prévoir une concertation avec les représentants des familles et des résidents, lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de la Vie Sociale, en visio-conférence si besoin. La FNAPAEF est très attachée au bon fonctionnement de cette instance de consultation pour laquelle elle accompagne ses adhérents élus afin de créer de bonnes conditions de dialogue avec les directions.


Nous sommes également inquiets sur le risque d’inégalité de ces mesures sur le territoire laissant une trop large interprétation aux ARS. De même, une latitude trop forte laissée aux directions d’ EHPAD pourrait accroître des situations de refus injustifiées, facteur de tensions avec les familles. Nous pouvons témoigner de cas alarmants de rupture de communication avec les élus au CVS.

Le confinement extrême avec la mise sous cloche des EHPAD que nous venons de vivre ces 5 dernières semaines représente également un risque accru de maltraitance en écartant les potentiels lanceurs d’alerte extérieurs que représentent les familles et les bénévoles. Nous soutenons également le retour des bénévoles s’engageant autour d’une charte du bénévolat respectueuse des consignes sanitaires strictes.

En résumé, la FNAPAEF souhaite un élargissement maîtrisé des visites aux résidents, coordonné au niveau national et négocié avec les familles dont le CVS est l’organe de concertation réglementaire.


Votre réponse du 8 avril dernier à notre première lettre ouverte ne traite pas de la situation du domicile. Certes les masques arrivent dans les EHPAD, qu’ en est il au domicile où des SAAD ont du limiter considérablement leurs interventions, voir pour certains fermer ? Ces professionnels du domicile, des SSIAD et des SAAD ont du prendre des risques considérables pour eux-mêmes et comme vecteurs de propagation de l’épidémie par défaut de moyens de protection. Les aidants familiaux sans lesquels le maintien à domicile n’est pas possible n’osent plus rendre visite à leurs parents faute d’être recensés dans la distribution de masques.

La pandémie est venue se greffer sur une situation extrêmement dégradée depuis de nombreuses années tant dans le sanitaire que dans le médico-social. Les nombreux rapports précités avaient pourtant clairement posé les bases devant conduire à l’adoption de la loi Grand Age et Autonomie toujours promise et reportée depuis 10 ans comme Dominique Libault en a rappelé l’urgence dans un récent article du Monde.

Nous restons à votre disposition pour en débattre.

Nous vous prions de croire Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre, en l’assurance de nos meilleures salutations.

Pour la FNAPAEF,

Claudette Brialix, Présidente




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