
Quand ils étaient très jeunes ils attendaient fébrilement leurs étrennes dans la tradition du nouvel an. Aujourd’hui, au 1er janvier 2025, vieux, malades, en perte d’autonomie, la tradition se renverse en leur allouant un rôle de créanciers des déficits alarmants des EHPAD.
Otages du désengagement de l’Etat, les nouveaux entrants verront donc leur reste à charge soumis au décret du 31/12/2024 sur les tarifs différenciés, en permettant une hausse allant jusqu’à 35% au-dessus du tarif des places soumises à l’ASH.
Bien que saupoudré de « caractère urgent », on ne peut cacher à ce décret son caractère pérenne. Il est d’autant plus détonnant que Madame Vautrin, au même Ministère en début 2024, s’y était opposée.
La FNAPAEF, bien que consciente des difficultés majeures de fonctionnement des EHPAD, dénonce vigoureusement l’étendue de l’amplitude possible de majoration des tarifs applicables aux résidents hors ASH d’un même établissement et qui s’assied lourdement sur la notion « mêmes prestations, même tarif », au risque de tensions internes sur le respect d’égalité de traitement.
Ce décret présente un caractère anti social, particulièrement pour les résidents en EHPAD public, aux revenus très modestes mais hors ASH, qui se saigneront aux quatre veines, épuisant toutes leurs maigres économies, avec une augmentation d’obligation alimentaire pour les familles. A moins qu’ils renoncent à leur entrée, restant à domicile dans des conditions indignes, avec l’épuisement des aidants. Le taux de remplissage des EHPAD, déjà impacté par la gestion du Covid et l’affaire ORPEA, pourrait en être affecté.
Et on ne peut malheureusement pas éloigner le risque de voir favoriser les admissions des résidents au portefeuille plus fourni au détriment des plus modestes.
Le rapport Pirès Beaune « Garantir la prise en charge des personnes âgées en établissement, encadrer leur reste à charge » semble bien étranger à notre Ministre de tutelle.
Quant au 5ème Risque, il reste désespérément au stade de concept tant que l’on n’étudiera pas son financement.
Et l’empressement à se pencher sur l’article 24 de la Loi Bien vieillir et d’y associer le décret de tarifs différenciés contraste avec la chape de béton sous laquelle on laisse profondément dormir l’application de l’article 10 portant sur une loi de programmation pluriannuelle sur le grand âge (prévue avant le 31/12/2024…)
Les gouvernements passent, la loi trépasse.
Les résidents ne confondent pas EHPAD et villégiature, ils y entrent contraints par leur état de santé dégradée, ils attendent de la solidarité nationale des moyens humains et financiers selon leurs besoins.
Françoise Gobled, présidente de la FNAPAEF
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